Habitué des séjours en immersion, je pars souvent à l’aventure au plus près des populations locales. Armé d’un sac à dos et de bonnes chaussures, j’aime partager le quotidien des locaux, me déplacer comme eux, manger comme eux et les rencontrer. Sur les conseils d’un ami, je me prépare cette fois-ci à découvrir la Roumanie. Ce premier séjour dans un pays totalement inconnu va se décomposer en deux parties : une première en solitaire, puis je serai rejoint par un guide français qui parle roumain, connaisseur et amoureux de ce pays.

L’arrivée à Bucarest

Heure locale, il est presque minuit quand j’arrive à l’aéroport de Bucarest. En observant, je me rends compte que les habitués se rendent sur des bornes pour commander un taxi, j’en fais donc de même. Et là, tout est clair, on peut réserver un taxi, connaître le coût par kilomètre et commander en quelques instants. Me voilà rassuré, en plus, pour quelques euros, je rejoins mon hôtel, près de la Gare du Nord, distant de près de 18 kilomètres. Mon guide m’expliquera plus tard que Bucarest est la troisième ville au monde la moins chère pour les courses en taxis. Après le repos, place à la première journée, très préparée en amont, avec pas moins de 20 sites qui sont au programme à travers toute la capitale roumaine. J’aime explorer la ville à pied et en découvrir chaque recoin sans me focaliser uniquement sur ses centres d’intérêts. Avant cette longue balade qui m’attends, il faut prendre des forces. Là encore, je regarde où les habitants se rendent et je découvre pour moins de 0,50 € les gogosi et les covrigi, des pâtisseries locales. Je me régale avec ces pâtisseries servies chaudes. Les Roumains se plient en quatre pour me comprendre, m’aider ou échanger avec moi. Je ne comprends pas le Roumain, mais avec quelques mots en Français ou en Espagnol, voire en Anglais ou à défaut, avec des signes, je suis déconcerté par la facilité d’échanger. Il semble facile de créer du lien avec les habitants. On voit que le Roumain est une langue latine, j’arrive à deviner le sens de la plupart des inscriptions. Casa Poporului, la Maison du Peuple est le plus grand bâtiment civil du monde. La partie souterraine est encore plus grande.

La découverte de la capitale roumaine à pied

Muni de ma carte de la ville, me voici parti à la découverte de Bucarest, son architecture et son ambiance. Je suis impressionné par Casa Poporului, la maison du peuple, le plus grand bâtiment civil du monde. Cet édifice érigé par Ceausescu est immense ! Encore aujourd’hui, il semble veiller sur la ville. Je découvre aussi les nombreuses églises orthodoxes. L’intérieur est vraiment magnifique ! Les couleurs, les vitraux, les icônes et autres dorures rendent cette visite intéressante. Je découvre aussi une ville dotée d’une grande influence française, il y a un Arc de Triomphe, des Champs-Elysées, une place Charles de Gaule et de nombreux bâtiments Haussmanniens. Dans le quartier des ambassades, je me crois en France. Je comprends maintenant qu’on compare cette ville à Paris. On trouve aussi à Bucarest des blocs, sorte de HLM, héritage de la période communiste. Si ces immeubles de béton semblent bien porter leur nom, j’ai été surpris par leur propreté et le respect qu’en ont les Roumains. La place de la révolution m’a aussi beaucoup inspiré. Cet endroit est célèbre pour le dernier discours qu’a prononcé Ceausescu avant la chute de son régime. J’y ressens l’histoire récente de ce pays qui a connu les heures sombres du communisme. Les sculptures qui s’y trouvent sont d’ailleurs très fortes et propices à la réflexion. J’ai également apprécié le Parc Herastrau, rempli de joggers, de vélos ou de promeneurs dans un cadre superbe. A côté, je découvre le Musée du village roumain qui contient des constructions des différentes régions roumaines et de différentes époques. Après de longues balades à travers la capitale, je rejoins le centre historique. J’y trouve des gens très apprêtés et soignés. Après cette première journée, les Roumains me semblent très accessibles et toujours dans l’échange. Je vais boire un verre dans un restaurant typique. Les serveurs sont habillés en tenue traditionnelle et la bonne ambiance règne. Trop fatigué par les nombreux kilomètres de marche, je reporte à plus tard la découverte de la gastronomie locale.

Direction Sinaïa et le château de Peles

Après une bonne nuit, je me lève et me dirige vers la gare avec l’intention de rejoindre Sinaïa dont on m’a dit le plus grand bien. Le train longe tour à tour des forêts et des cours d’eau, il slalome parfois entre quelques collines et montagnes. Arrivé à Sinaïa, il fait bien plus frais que dans la capitale, et d’entrée de jeu, il faut gravir de nombreuses marches, la ville n’est pas vraiment plate. Je me dirige vers l’office de tourisme où on m’offre un plan et de précieux conseils dans la bonne humeur. Il est temps désormais de prendre la direction du château de Peles. D’une beauté incroyable, il est entouré de montagnes et vraiment éblouissant. J’apprends que c’est le premier château au monde à avoir été totalement relié à l’électricité. Après cette visite, je m’interroge vraiment. Je n’arrive pas à comprendre que ce pays, si riche culturellement puisse être si pauvre. L’appel de la nature se fait ressentir et je pars à l’assaut des forêts et massifs alentours. Les nombreux panneaux disposés me rappellent quand même un peu à la raison. En effet, pas besoin de parler Roumain pour comprendre les « attentie ! zona frecventata de ursi », d’autant que les photos d’ours sont aussi évocatrices. Il est temps désormais de prendre la route de Brasov, où je dois retrouver mon guide. Une fois à bord du train, je discute avec deux jeunes femmes intriguées qui veulent savoir pourquoi je voyage à travers leur pays et si j’aime mon séjour en Roumanie. Je sens chez elles à la fois de la curiosité et de la fierté de découvrir un voyageur étranger.

L’intérieur du château de Peles est envoûtant

BraSov et la colline qui la domine

Arrivé à Brasov, nous commençons avec mon guide la découverte de la ville par un marché de producteurs locaux. L’hébergement est dans la vieille ville et nous découvrons en chemin la Citadelle, des parcs et une colline qui domine la cité. « BRASOV » est d’ailleurs écrit et à peine le sac posé dans la chambre, nous ne pouvons résister à l’appel d’une randonnée. Notre objectif est de monter cette colline appelée Tâmpa. Quel plaisir de se balader en forêt et même s’il existe une télécabine, nous préférons marcher. Une fois arrivés au sommet, la vue sur la ville et les environs est éblouissante. Nous profitons de ce cadre avant de descendre par une autre piste. Nous prenons alors le chemin d’un restaurant traditionnel où je peux gouter les fameux sarmale, une sorte de chou farci.

Tâmpa, la colline qui domine la ville de Brasov

Direction le célèbre château de Bran

La légende du château de Bran n’est plus à écrire. C’est l’un de ces lieux mythiques qui a inspiré Bram Stocker quand il a écrit Dracula. Nous y allons, dans un bus très pittoresque et couleur locale. Arrivés sur place, nous procédons à la visite, le château est vraiment très joli. A l’intérieur y figure un portrait de Vlad Tepes, le légendaire Prince qui a inspiré le personnage de Dracula. Pendant la visite, nous repérons un évènement festif en contrebas. Des musiciens et danseurs animent la scène en tenue traditionnelle. Des artisans ou producteurs locaux tiennent aussi un stand… C’est l’occasion pour nous de goûter en plein air les spécialités locales. Du fromage, des légumes cuits au feu, du moût de raisin, de la mamaliga, sorte de polenta servie avec du fromage fondu, le tout arrosé de Tuica fierta, une liqueur locale chaude.

Mon coup de cœur : RâSnov

Nous repartons de Bran enthousiasmés et ne pouvant plus rien avaler. Mon guide m’indique que nous descendrons bientôt du bus et qu’il y a un village qu’il tient à me faire découvrir. Après ces superbes moments, je le suis les yeux fermés. D’autant plus qu’il parle Roumain, ce qui est un atout pour voyager au plus près des populations locales. Nous voici donc arrivés à Rasnov, les abords sont jolis, on retrouve aussi le nom de la ville sur le haut d’une colline qui surplombe le reste du village. C’est notre destination et pour nous y rendre, nous empruntons un funiculaire. A mesure que nous prenons de la hauteur, nous dominons le reste du village. Place maintenant à la découverte de la citadelle médiévale, l’occasion de faire quelques photos et de se projeter dans l’histoire de cette ville maintes fois assiégée et détruite. Cette visite me plaît vraiment beaucoup, nous décidons donc de redescendre à pied histoire de plus explorer les alentours et tentons même une balade hors-piste dans la forêt. Nous finissons par revenir à la civilisation et décidons de rentrer en train. Le temps d’acheter le billet, le train arrive et quelle surprise, il s’agit d’une vieille Micheline Diesel. Nous montons à bord, émerveillés par la chance que nous avons de voyager dans un train aussi vieux. Nous sentons même les points morts quand le conducteur passe les vitesses. De retour à Brasov, un concert nous attend et mon guide me fait découvrir un dessert très typique : les papanasi. C’est succulent, mais là encore, les portions sont trop importantes et nous nous forçons pour finir. Il est temps désormais de rentrer à Bucarest puis en France, j’ai vraiment adoré la Roumanie et ne manquerait pas d’y retourner.