Publié le : 03 août 202010 mins de lecture

Voyager en Iran était une idée qui me traversait la tête depuis quelques mois, mais il est vrai qu’il fallait bien prendre le temps d’y réfléchir… Finalement, en rencontrant des personnes ayant déjà tenté l’expérience, la décision était prise, j’allais franchir le pas. Les a priori que nous pouvons avoir sur ce pays sont assez forts, cela se ressentant d’ailleurs dans les réactions de mes proches en parlant de ce futur voyage.

Arrivée à Téhéran, premier dépaysement, toutes les femmes doivent se voiler la tête avant de descendre de l’avion. L’Iran est une République Islamique où le port du voile est obligatoire. Place ensuite à l’obtention du Visa, ce qui peut être fait sur place (un plus lorsque l’on n’habite pas à Paris). Le précieux sésame obtenu permet de voyager dans le pays pour une période de 30 jours.

Le tourisme se développe à un rythme assez soutenu avec plus de 5 millions de visiteurs par an. Et la première impression est bonne, les gens sur place sont vraiment accueillants, et il n’est pas rare en se promenant que quelqu’un vienne discuter pour faire connaissance, et nous inciter à parler du pays à notre retour pour donner aux autres l’envie de venir le découvrir.

En ce qui concerne la gastronomie, il existe de bons plats mais il faut savoir les trouver ! Étrangement, ce qu’on trouve le plus facilement, ce sont des hamburgers ainsi que du poulet ou du kebab. Trouver des plats locaux est bien plus compliqué ! C’est en rentrant par hasard dans un petit restaurant où mangeaient quelques Iraniens que j’ai pu goûter à de la vraie cuisine iranienne. J’ai appris par la suite que le plat s’appelait la « kaleh pache » (de la tête aux pieds), une sorte de soupe dans laquelle on ajoute des morceaux de foie, de panse de mouton, le tout saupoudré de cannelle. La vue de ce plat est aussi spéciale que son goût !

Si vous n’avez jamais mis les pieds en Iran, deux étapes sont incontournables : Ispahan et Chiraz. D’un côté Ispahan, avec ses mosquées couvertes de mosaïques bleues incroyables, et de l’autre Chiraz avec ses sanctuaires et ses mosquées, dont notamment celle de Nasir al-Mulk.

En ce qui concerne les sanctuaires, je n’ai pas pu y entrer seul étant un étranger. Cependant tous les sanctuaires ont des guides parlant Anglais pour nous accompagner. C’est d’ailleurs très intéressant pour en connaître un peu plus sur les lieux, ainsi que sur la religion. Il y a également de nombreux autres endroits à visiter dans ce vaste pays : mon périple m’a tout d’abord amené jusqu’à Kashan. Dans cette ville se trouve la mosquée Agha Bozorg, à visiter au coucher du soleil, qui a été mon véritable coup de cœur. On peut aussi y visiter le jardin Bagh-e Fin, un jardin au milieu d’une zone désertique où les souverains venaient autrefois se reposer.

A la rencontre d’une des villes les plus anciennes du monde

Me voici à Yazd, construite dans une zone extrêmement désertique. À l’époque, des canaux souterrains ont dû être construits pour acheminer l’eau qui était à plus de 70 kilomètres de là ! Les riches familles les faisaient passer directement sous leur maison afin d’avoir l’eau courante. Elles construisaient ensuite des « tours du vent », qui faisaient office de climatisation naturelle : l’air circule en venant du bas de la maison, rafraîchi par les canaux, vers le haut de ces tours, afin de rendre les étés caniculaires plus supportables. C’est l’emblème de l’architecture de la ville. Yazd est également l’un des derniers bastions du Zoroastrisme.

Il s’agit d’une des premières religions monothéistes qui a été la religion de la Perse antique. Dans cette religion, les 4 éléments sont sacrés : la terre, l’eau, l’air et le feu. Pour les cérémonies funéraires, il n’est pas possible d’enterrer ou de brûler les corps sans souiller les éléments sacrés. Ils les déposaient en haut de tours du silence où les oiseaux de proies venaient les faire disparaître. Cette pratique a pris fin il y a quelques décennies, interdite par les autorités.

Au sud de l’Iran, à côté de Chiraz, se trouve Persépolis, l’un des principaux vestiges de la perse antique. Cette ville a été construite il y a 2 500 ans sous les ordres de Darius le Grand, bâtit uniquement à l’aide d’ouvriers. Aucun esclave n’a été mis à contribution, chose assez rare à cette époque. Le seul but de la ville était d’organiser les festivités de Norouz, le nouvel an perse où se retrouvaient l’ensemble des différents peuples du royaume. Il ne reste que des ruines des différents Palais qui composaient cette ville, mais de nombreux bas reliefs ont très bien été conservés. Je recommande d’y aller avec un guide afin de découvrir l’incroyable histoire de ce lieu, et de ne pas rater Necropolis, où se trouvent les tombes de Darius et de ses fils à quelques kilomètres.

Mon itinéraire m’a ensuite conduit jusqu’à Kermashan, dans la région du Kurdistan Iranien, où j’ai fini par dormir chez… mon chauffeur de taxi. En effet, les deux hôtels où il m’a conduit étant complets, il a fini par m’emmener prendre le petit déjeuner chez lui avec sa famille avant de me proposer d’y passer la nuit. J’ai pu vivre une soirée à l’Iranienne avec leur fils : ici pas d’alcool quand on sort le soir, par contre il y a de nombreuses échoppes vendant des légumes bouillis, c’est assez original !

J’ai ensuite fait étape à Tabriz, dans le Nord Ouest du pays, ville réputée pour son bazar et ses cours intérieures. La tranquillité du matin dans ce dédale vide contraste énormément avec la foule du soir ! Une fois à Tabriz, il y a de quoi s’occuper tout autour en sortant de la ville. J’ai dans un premier temps pris un taxi pour le village de Kerdovan, qui ressemble à un petit coin de Capadocce ! Il s’agit d’un petit village troglodyte où les maisons ont été creusées dans des sortes de cônes de roches volcaniques. Ce village est encore habité, mais je pense que les hivers sous la neige doivent y être assez rudes ! Ensuite, avec deux autres Français voyageant dans le coin, nous sommes partis la journée avec un chauffeur pour découvrir les paysages environnants.

Avec en premier lieu la visite du monastère orthodoxe de Saint Stepanos, dont la rénovation est bientôt terminée. Il se trouve dans une zone montagneuse, à proximité de la frontière Arménienne, où la religion orthodoxe est dominante. Nous passons un col, et là, le château de Babak se dresse devant nous, sur un pic dominant une mer de nuage. L’endroit est à couper le souffle !

Puis nous continuons la route vers le château de Babak. Le chauffeur nous laisse au début du sentier, nous étions alors en plein dans les nuages, on ne voyait pas à 100 mètres… Au bout d’une heure de marche, nous émergeons enfin au-dessus des nuages, nous passons un col, et là, le château se dresse devant nous sur un pic dominant une mer de nuage. L’endroit est à couper le souffle !

J’ai terminé mon voyage par Téhéran, une ville dont l’intérêt principal réside dans son bazar, le plus grand du pays, et les joyaux de la couronne iranienne. Pour ce dernier, après avoir laissé l’ensemble de mes affaires et passé au moins 3 contrôles de sécurité, je rentre dans un coffre-fort de la banque centrale Iranienne où se trouve le trésor. Je n’avais jamais vu autant d’or, de diamants de toutes tailles, d’émeraudes et j’en passe ! Et bien sûr aucune photo à l’intérieur.

En tout cas, le tourisme en Iran se développe bien, de nombreux sites par lesquels je suis passé sont en cours de rénovation, ce qui montre l’importance que le pays attache à ce domaine. Le pays tend à se moderniser, les gens que j’ai pu croiser sont très ouverts. Après, tout est relatif, j’ai pu rentrer en contact plus facilement avec des gens parlant anglais, qui sont sûrement plus ouverts que d’autres personnes. En tout cas, ce fût un voyage très enrichissant que je recommande !