Publié le : 03 août 20209 mins de lecture

A cheval sur deux océans aux couleurs turquoises, le Mexique a été une de mes destinations favorites. Des villes coloniales à l’Est en passant par l’art Huichol, aux pyramides aztèques faisant face à l’Océan, le tout agrémenté par une Banda de Mariachi dans une de ces fameuses cantina, j’en garderai toujours un souvenir intarissable.

Basé durant de nombreux mois dans la « Bahia de Banderas », dans l’état de Jalisco au pied de la Sierra Madre, j’assistais le département des ventes et du marketing d’un resort étoilé. Bénéficiant de quelques jours de repos et de certains week-ends, je passais la plupart de mon temps dans les faubourgs des régions avoisinantes. Ouvert par nature au dialogue, je rencontrais de nombreuses personnes locales qui me firent découvrir la beauté de ce pays et devinrent même de bons amis…

« La panoplie de couleur turquoise qu’offre cette île est aussi étendue que le nombre de temples aztèques de cet état »

Mon projet professionnel arrivant à sa fin, mes amis me conseillèrent vivement de me rendre de l’autre coté du Mexique (coté Est) pour découvrir un autre aspect du pays, de nouveaux endroits, une nouvelle culture, des mets tout aussi variés et un habitat naturel à couper le souffle. C’est ainsi que pendant une dizaine de jours, nous décidâmes mon ami et moi de « dar un reccorido » à travers tout l’état du Yucatán et du Quintana Roo. Fuyant à toutes jambes les « tout inclus » et les déboires qu’offre la ville la plus à l’Est du pays, nous sautions à peine arrivés dans un bateau nous menant sur une île d’à peine quelques centaines de mètres de large bordant la mer des Caraïbes. La panoplie de couleur turquoise offerte par cette île est aussi étendue que le nombre de temples aztèques existant dans cet état : c’est à dire infinie !

Le conquistador espagnol Hernandez de Cordoba lui donna le nom « Isla Mujeres », dès le début du XVIéme siècle, faisant sûrement référence à la beauté du site mais aussi aux nombreuses statuettes représentants ces femmes. Après un temps passé loin du brouhaha des villes, nous levions notre modeste tente et descendions dans l’agglomération de Playa Del Carmen. Bien que cet ancien village de pêcheurs soit resté pendant très longtemps dans l’ombre du développement de Cancùn, le tourisme y croît massivement et les resorts grignotent peu à peu les vastes plages de sable blanc au détriment de la forêt tropophile. Quelques soirées pimentées de breuvages d’agaves locales et quelques danses de salsa plus tard, le bus nous emmenant sur un des plus beaux sites archéologiques d’une ancienne cité Maya le long d’une plage paradisiaque fit une halte dans un minuscule petit patelin à peine répertorié sur une carte. Nos recherches sur cet arrêt impromptu étaient extrêmement maigres mais notre curiosité aventurière l’emporta haut la main.

Nous quittions alors le dit « Camión » et commencions notre exploration. De vastes hôtels avaient été laissés à l’abandon. Des lianes pendaient ici et là à l’intérieur même de ce qui fût il y a bien longtemps le lobby d’un boutique hôtel et de nombreuses plantes vertes jonchaient le sol recouvrant entièrement la réception.

« De larges crocodiles s’étendant de tout leur long sur les routes aux heures de sieste, quelques toucans, des mygales, des perruches et des singes araignées »

Une fois sortis de la forêt, une longue étendue de sable blanc aussi fin que du sucre glace s’étendit sous nos pieds. C’est entre quelques bouts de bâtons ensablés et recouverts d’un léger filet de pêcheur que nous plantions alors notre tente. Mal nous en pris car quelques heures plus tard, le premier ouragan et cyclone tropical de la saison, un des plus rares selon les dires de certains, décida de nous déloger et arracha notre tente en un rien de temps. Trempés jusqu’aux os, notre seule possibilité fût de battre en retraite dans des décombres les plus insalubres
grouillant de moustiques, de crabes vivant à quelques centimètres sous nos pieds et diverses fuites nous rappelant combien un ouragan peut être fort.

Ce périple terminé, nous nous rendîmes comme convenu sur l’un des plus magnifiques temples que la région peut vous offrir. L’ouragan ne décidant pas à nous laisser tranquilles, nous jugèrent indispensable de nous rendre dans les terres dans un village des plus retirés au possible abritant une ancienne civilisation méso-américaine; nous découvrîmes alors de nombreux petits lacs où pullulent de larges crocodiles s’étendant de tout leur long sur les routes aux heures de sieste, quelques toucans, des mygales, des perruches et des singes araignées. Mais le plus surprenant reste de loin la Cité de Cobà où la fameuse « Iglesia » domine de ses quelques dizaines de mètres de hauteur la jungle environnante.

Rassasiés de plages paradisiaques, de villages pittoresques et de sites archéologiques mayas tous plus sublimes les uns que les autres, l’envie de villes coloniales somptueuses l’emporta… A peine arrivés sur Valladolid, que la nourriture locale nous surpris agréablement ! Tant de saveurs différentes dans cette belle péninsule ! Les spécialités yucatèques sont aussi riches que variées. Puis, nous nous sommes laissés dire qu’une corrida locale avait lieu dans un tout petit village à quelques kilomètres de là, dans le village de Tekom ; l’occasion de voir un tel événement dans un environnement des plus rustiques était de taille ! Loin des arènes des villes taurines espagnoles, la « corrida de toros » avait lieu dans dans un champ de terre battue où l’herbe peinait à pousser, entouré d’échafaudages de bois de quelques étages. Nous étions plus inquiets de nous asseoir sur ces minces planches qui ne demandaient qu’à s’écrouler plutôt que du spectacle tauromachique dont nous n’avions pas l’habitude.

Un dernier haut les cœurs dans cette ville multicolore et nous prenons la direction vers les fameux gouffres d’eau douce. Ces puits représentaient pour les Mayas un lien direct avec l’au-delà et c’est pour cette raison que de nombreuses offrandes y furent jetées à l’intérieur. Durant notre périple, nous avons eu la chance d’en visiter de très nombreux : certains étaient dans la ville, d’autres nécessitaient la descente de plusieurs marches, d’autres laissaient apparaître un dôme troué d’où parvenait une percée de luminosité rendant à la fois le décor illuminé et l’eau d’une grande obscurité. Mais ces derniers étaient tout autre… En effet ayant opté pour une balade improvisée conseillée par des cuisiniers de rues, les trois cenotes étaient reliés par un chemin de fer des plus originaux. A la place des locomotives, c’était bel et bien des chevaux qui tractaient un minuscule petit wagon de bois dans lequel nous nous installions. C’est sur ce rustique, authentique, traditionnel et divertissant moyen de transport que nous naviguions dans la faune et la flore yucatèque nous rafraîchissant de temps à autre dans les multiples dolines en bord de route.

Le voyage arrivant sur sa fin, notre dernière étape fût la ville de Merida, capitale culturelle de la péninsule du Yucatán et riche d’histoire coloniale. Avant de célébrer notre ultime callejòn dans une foule aussi animée que dansante, nous passions notre dernière journée dans le sublime et élégant site de Uxmal où le « Palais du Gouverneur » et la « Pyramide du Devin », chef-d’oeuvre de l’architecture Puuc, y ont été construits de main de maître.

Ce voyage mêlant connaissance de l’art ancestral, mets diversifiés, paysages caribéens et coloniaux restera très longtemps un intense souvenir. Je ne le dirai jamais assez à mes amis et connaissances quand je leur fais part de mes aventures : le véritable voyage commence dès lors que vous sortez des sentiers battus et de votre zone de confort.